1986

BERLIN "UN PIED DANS LE SABLE"

Intervention réalisée d'Octobre 86 à Juillet 87

750ème anniversaire de Berlin (Article Le TELEGRAMME)

 

Le fameux mur qui l'encercle mesure 120 kms. 1,9 million d'habitants y vivent sur une superficie comparable à celle de Paris: beaucoup d'espaces verts, de terrains vagues et même la plus grande plage intérieur d'Europe. Cet hiver, les Berlinois ont organisé une compétition de ski sur les pentes d'une colline faite des ruines de la guerre. Faut-il la plaindre, cette ville cosmopolite ? Tout le monde ou presque, est sur le statu quo: pour les Etats occidentaux, c'est une vitrine au cœur du "glacis de l'Est", pour ceux d'en face, une passerelle commerciale et tou- ristique (à comparer avec Hong Kong), et pour certains, dont les artistes, un lieux d'expérimentation.

-de, on se transforme très vite en laboratoire... "Toutes les expériences sont permises et personne ne s'en prive". Ce constat, tiré récemment par un Brestois de retour de Berlin, Paul Bloas l'avait déjà fait. Issu de l'école locale des Beaux-Arts, Paul n'est pas un inconnu. Il reste encore des traces de ses réalisations Brestoises, des interventions picturales sous forme de collages de personnages dans certains quartiers de la ville, au fort de Bertheaume ou à l'occasion du festival de bandes dessinées de septembre dernier. Il y raconte à chaque fois une histoire, lié au lieu où il intervient: son propos est d'intégrer sa contribution d'artiste au milieu sur lequel il travaille. Berlin, il connais-sait, pour y avoir séjourné à plusieurs reprises et, à vrais dire, ça le "chatouillait" depuis un moment d'y réaliser un projet. Il y débarque donc au mois d' Octobre dernier: dans sa musette, un accord de six mois avec l'OFAJ (Office Fanco-Allemand pour la Jeunesse) qui lui attribue une subvention de 1.400 marks (un peu plus de 4000 frs par mois)

erlin vit au présent, jongle avec l'éphémère et s'installe dans le provisoire. Si l'imagination n'est pas au pouvoir, le pouvoir finance l'imagination. Ici tout semble possible: la pompe à finance occidentale déverse ses dollars et tire la langue à ceux d'en face. les "alternatifs" et les artistes l'ont bien compris. Quand on se trouve dans un espace délimité par le plus grand espace graphitique du mon-

PERSONNAGE EN TRANSIT

 

Son projet, il l'explique par un parallèle entre cette ville et sa façon de travailler. "Mes personnages sont à la fois robustes et fragiles: je travaille avec un matériel périssable, éphémère. Berlin est une ville de transit et peuplée en grande partie de ruines qui s'enfonçent petit à petit, car la ville est bâtie sur du sable. Un personnage en transit est obligé d'errer dans la ville pour ne pas s'enfonçer dans le sable. C'est un personnage fantôme qui revient voir le Berlin des années 40 qu'il a connu". Berlin en effet n'est pas complètement reconstruite et est coupée en deux par une voix férrée abandonnée: c'est dans ce cadre, dans des lieux abandonnés qui n'ont presque pas été touchés par la destruction qu'erre ce personnage. "Il arrive en hiver. Il fait très froid (-30 à -40° ) et

"Lehrter Strasse", où habite Paul Bloas à Berlin, un personnage arrive avec sa valise

 

l'atmosphère est très polluée. J'ai travaillé dans des endroits très retirés. Mes dessins gelaient parfois par terre avant que je puisse les coller".

PROJET D'AVANT- GARDE

 

Les Berlinois sont très friands d'art et manifestement ont apprécié ce travail. Paul n'a fait qu'un rapide passage à Brest et est reparti participer là-bas à un nouveau projet: dans le cadre du 750˜ anniversaire de la ville, le gouvernement Ouest-Allemand subventionne une opération d'avant-garde intitulée "Mythos-Berlin". Autour de l'ancienne gare centrale, qui est un lieu marqué par l'histoire, une quinzaine d'artistes interviennent: des Allemands, des Japonais, des Américains, une Polonaise et un seul Français, Paul. "C'est un travail intéressant de concertation entre des sculpteurs, des gens qui font de la vidéo et de l'image, d'autres qui vont reconstituer une partie du cadre original". Plus de 300.000 visiteurs y sont attendus. Paul, qui a de nouveaux projets en tête, pense avoir progressé depuis ses interventions sur le périmètre Brestois. "Mon travail a gagné en qualité, mes peintures sont plus denses, l'émotion est plus importante". Peut-être verrons-nous bientôt de nouveaux personnages sur les

murs Brestois ? (Article LE TELEGRAMME - 1986)

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