2000
BORDEAUX - BASE SOUS-MARINE
"POUSSIÈRES" 1999/2002
L'artiste mural Paul Bloas
s'empare des bunkers du
port de Bordeaux
(Article de presse: Le Monde)
il y expose ses "Grands
bonshommes", créations
Éphémères.
Dans l'ancienne base sous-marine Allemande de Bordeaux, transformée en Conservatoire International de la plaisance, l' artiste Breton Paul Bloas a collé ses "Grands Bonshommes", une quinzaine de personnages mesurant 3,80 mètres et peints sur du papier journal, voués à disparaître sous l'effet du temps et de l'humidité. "Il y a une volonté forte de les voir se détruire, pour mieux toucher au pré- sent de l'espace, à sa fragilité." explique Paul Bloas.
Bordeaux de notre correspon-dante
la masse sombre d'un block-haus inquiétant: l'ancienne base sous-marine allemande. Pendant la seconde guerre mondiale, elle servait d'atelier de réparation des sous-marins du Reich et de ses alliés. Plus de 6000 ouvriers, des prisonniers de guerre essentiellement, ont bâti
u nord de Bordeaux, entre zone industrielle et bassins à flot, surgit
A
Survoler l’image - (Photo: Peintures-fragiles.com)
Survoler l’image - (Photo: Peintures-fragiles.com)
pendant dix-huit mois,de 1941 à 1943, ce bunker de béton armé. Après la guerre, le Port autonome a réparé quelques cargos dans ce lieu fantomatique. En 1993, des navires de toutes sortes et tous horizons sont venus transformer ce bunker en Conservatoire International de la Plaisance. Aujourd'hui, c'est un lieu culturel et touristique: certaines alvéoles, constamment remplies d'eau venue de la Garonne toute proche, abritent toujours quelques bateaux. D'autres pièces racontent l'histoire de cet immense bâtiment de 4,2 hectares. Des troupes de danse et des groupes de musique viennent répéter ou jouer dans certaines salles aménagées. C'est dans "le ventre de cette bête immonde", que Paul Bloas, a choisi de coller ses "Grands Bonshommes".
RÉSIGNÉ ET RÉVOLTÉ
Au détour d'une passerelle, au fond d'une alvéole aux murs gris et humides, une quinzaine de personnage mesurant 3,80 mètres jettent leur regard sombre dans le clapotis du bassin. Collés directement sur les murs, ces hommes peints sur du papier journal vierge, souvent torse nu, la tête volontairement disproportionnée, attirent le regard là où peut-être il ne se serait jamais posé. Ces créatures semblent à la fois résignées et révoltées, unies entre elles par la même couleur: un bleu outremer, la même gamme chromatique utilisée trois ans plus tôt à la Bastide, un autre quartier de Bordeaux longtemps laissé à l'abandon. Alors, une trentaine de ces géants éphémères s'étalaient sur des murs à moitié effondrés. "Mes personnages ne sont ni gais ni tristes, c'est le lieu avec sa force incroyable qui décide, explique Paul bloas. Avant de partir, ils peuvent générer une vie autour d'eux." L'usure du temps les a tous fait disparaître. Un seul a survécu..., sur la pochette d'un CD du groupe de rock Bordelais Noir Désir, qui apprécie le travail du jeune Breton et l'a aidé dans ses repérages. Des textes du chanteur Bertrand Cantat ont aussi illustré certaines fresques de l'artiste. En ville, tous ces personnages sont voués à disparaître, lentement, sous l'effet du temps, de l'humidité, du salpêtre ou des déprédations sauvages. "Il y a une volonté forte de les voir se détruire, pour mieux toucher au présent de l'espace, à sa fragilité.
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